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Comme dans un rêve...
26 janvier 2016

JEAN-PIERRE. RUE DU REPOS

RUE DU REPOS

 

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Je me mis à utiliser beaucoup de mon temps libre à marcher dans le Père- Lachaise. La tombe de Géricault, dont j'aimais l’œuvre, me parut de plus monumentale et intrigante. C'était une grande construction rectangulaire évoquant les tombeaux antiques, décorée de guirlandes de pierres. L'artiste semblait l'avoir escaladée et se tenait là, couchée sur elle et nous contemplant. Il était à demi-dressé en fait et, en sarrau de peintre, pinceaux et palette à la main, contemplait une humanité qu'il ne peindrait plus : nous, en fait, qui étions d'une autre époque. Homme à part, tombe à part. Décor théâtral.

Celle de Delacroix lui ressemblait mais elle semblait un lit d'apparat en pierre sur lequel nul ne prendrait place.

Celle de Pissarro était une stèle. Son nom précédait celui de sa femme et de son fils ou l'un de ceux-ci.

Enfin, il y avait la tombe de Chopin : je l'adorais !

C'était un rectangle de pierre sur lequel trônait une belle jeune femme inconsolable. Elle se tenait assise, la tête penchée et les mains posées sur les genoux. Sa robe, longue et ajustée, dessinait sa belle silhouette féminine et il se dégageait de toute sa personne une tristesse et une nostalgie raffinées. J'avais trop étudié pour ne pas reconnaître en cette jeune fille accablée la muse Euterpe et j'admirais qu'on l'eût représentée ainsi ;

Au-dessous d'elle, le profil de Chopin était sculpté. Il était à la fois beau et digne. La tombe était entourée de barrières et dès la fin de la guerre, elle était régulièrement fleurie par des admirateurs.

Je vous le dis, l'étudiant que j'étais, se trouva comblé par ces lieux. Les peintres dont j'avais vu les toiles dans des musées parisiens ou des livres d'art, au hasard des bibliothèques et le compositeur dont j'avais tant aimé l’œuvre musicale. Ce furent mes débuts. Puis, je m'enhardis. 

Mais là, je fus aidé car je la rencontrai, elle, Maria. La fille de réfugiés espagnols.

L'orpheline, la fille d'un notable qui dès le début, s'était opposé à Franco.

Maria Cortes, la Madrilène. Je cherchais ce jour-là la tombe de Balzac, laquelle était située dans une partie du cimetière que j'avais encore peu explorée. Je la trouvai bien sûr et me mis en faction. Je veux dire par là que je mis à contempler la tombe en laissant mes pensées aller et venir. Naturellement, je prêtais attention à qui pouvait venir mais c'était un jour de semaine et nous étions presque à la fin de l'année. Il faisait ce jour-là un froid vif et pénétrant qui vous dissuadait de vous arrêter longtemps et tout était un peu brumeux.

Une femme âgée passa une première fois sans s'arrêter puis revint et contempla avec moi, le buste du grand écrivain, tel qu'il était c'est à dire posée sur une grande stèle.

Rapidement, cependant, je fus seul.

France-Aile

 

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